Les katas supérieurs 

 

Après les katas de base, place aux katas supérieurs! Comme leur nom l'indique, ils sont plus complexes que leurs petits frères. Neko va vous en présenter quelques-uns dans leur ordre traditionnel. Eh oui, car même si objectivement tous les katas se valent, les expériences de compétitions prouvent qu'il y a aussi un ordre "de notoriété" avec des katas plus côtés que d'autres.

 

Les katas supérieurs laissent une plus grande place à l'interprétation que les katas de base. Le pratiquant a donc une légère marge de manœuvre et peu moduler les temps pour mieux donner vie à son enchaînement.

 

Tekki

Juste après Heian Godan, le premier kata supérieur est Tekki Shodan (voir la rubrique "Vidéos"). C'est littéralement le kata du "Cavalier de fer", ainsi nommé à cause de la posture Kiba Dashi (voir la rubrique "Kihon" > "Les positions"). Il a deux petits frères: Tekki Nidan et Tekki Sandan, mais ceux-ci sont considérés comme plus difficiles et plus hauts placés dans la hiérarchie des katas.

Ils sont historiquement plus anciens que les katas de base et pourraient se pratiquer dans un couloir, car ils n'utilisent que deux directions: à droite et à gauche. Très pratiques pour travailler chez soi quand on vit dans un petit espace. Ils sont aussi très courts: environ 22 mouvements avec seulement quatre pas (deux à droite et deux à gauche). Ils présentent encore cette particularité d'être parfaitement symétriques: il n'y a donc au final que 11 mouvements à apprendre, ensuite il suffit de les reproduire dans l'autre sens. Cela explique pourquoi ils sont considérés comme des katas faciles, alors qu'ils sont bien plus subtils qu'il n'y paraît!

 

Basaï

Après Tekki Shodan, voici Basaï Daï, littéralement le kata pour "Détruire la forteresse". C'est donc un kata dont l'interprétation doit s'effectuer en force! Il a également un petit frère: Basaï Sho ("Sho" signifiant "petit" alors que "Daï" veut dire "grand"), plus haut placé dans la hiérarchie. Il serait à l'origine un des enchaînements développés par l'école secrète de Tomari-te.

 

Kanku

A la suite de Basaï Daï, on retrouve Kanku Daï, de "Kanku" = "regarder vers le ciel", qui s'explique par le mouvement d"ouverture, mains jointes en triangle lentement élevées vers le plafond. Il a aussi un frère: Kanku Sho, un kata très côté souvent utilisé en demi-finale voire même en finale des compétitions adultes, avec un saut de trois-quart de tour à faire particulièrement spectaculaire. 

 

Jion

Jion est le kata qui suit directement Kanku Daï. La signification de son nom reste incertaine, mais il semblerait qu'il fasse allusion à un temple bouddhiste. Ce n'est pourtant pas un kata très zen, avec beaucoup de passages en Kiba Dachi et des martèlements de pieds. Jion a deux parents proches: Jiin qui aurait un sens équivalent à Jion et Jitte, le kata des "Dix mains". Ces trois katas seraient issus de l'école secrète Tomari-te. Si Jion apparaît souvent dans les programmes de compétitions des adolescents, il n'est presque plus utilisé par les pratiquants adultes. Quant à Jiin et Jitte, ils sont quasiment absents en compétition, car considérés comme trop techniques et précis et pas assez longs ni spectaculaires.

 

Empi

Empi est également un kata de l'école Tomari-te, signifiant "Vol de l'hirondelle" en raison d'une élégante rotation du poignet qui revient régulièrement dans l'enchaînement. Il comporte aussi un saut sur un demi-tour! Durant ses jeunes années, il a été le kata favori de Neko! C'est un kata de premier tour souvent utilisé en compétition.

 

Hangestu

Hangestu est un kata respiratoire peu voire pas représenté en compétition. C'est le seul kata respiratoire du style Shotokan issu de l'école Naha-te. Le style Kyokushinkai est celui qui possède le plus de katas respiratoires, effectués généralement torse nu sauf pour les femmes bien évidemment (voir "Généralités sur le karaté" > "Les styles de karaté").

 

Nijushiho

Nijushiho signifie kata des "24 pas". C'est le kata qui présente le plus de correspondance avec le tao lu (équivalent de "kata" en chinois) de base en tai ji quan qui s'appelle le "24 mouvements" (tiens, tiens). Il est issu de l'école Aragaki. Ce qui illustre encore la parenté entre les arts martiaux chinois et les techniques secrètes d'Okinawa. Il traduit un mouvement de flux et reflux, alternant deux temps rapides et un temps lent, un kata somme toute très cool... Un des préférés de Neko quand il avait un peu forcé sur les croquettes (burps!). Il est un des rares katas Shotokan à exploiter les 8 directions, comme dans les arts martiaux chinois.Très peu vu en compétition, mais extrêmement intéressant à pratiquer.

 

Soshin

C'est le kata du "Grand silence" ou de la "Force tranquille".  C'est un enchaînement de l'école Aragaki dans lequel on retrouve un travail très "chinoisant" sur six directions avec la notion de pas vide comme dans les arts martiaux chinois. Il est réputé avoir été développé tardivement par le fils de Gichin Funakoshi, Gigo, qui aurait eu une corpulence plus importante que son père et aurait donc une prédilection pour la posture Fudo Dachi (bientôt dans la rubrique "Kihon" > "Les positions"). C'est, d'après Neko, la position la plus confortable. Soshin est régulièrement utilisé comme kata d'appoint dans les compétitions, un bon joker en cas de besoin.

 

Chinte

Chinte est un kata ancien, pratiqué par l'école Shuri-te. C'est un kata qui exploite énormément de techniques à mains ouvertes différentes. On ne le voit pas beaucoup en compétition, probablement parce qu'il est très technique.

 

Gojushiho

Gojushiho Daï et son petit frère Gojushiho Sho sont issus de vieilles écoles de karaté et leurs noms a donné lieu à de nombreuses interprétations et controverses. Selon les explications, c'est le kata des "54 pas" ou kata du "Pic-vert" ou encore de "l'Homme ivre". Cette dernière traduction n'est pas sans évoquer une parenté avec la fameuse boxe chinoise dite de l'homme ivre. Selon l'interprétation retenue, le pratiquant est susceptible de rendre le kata très dynamique (pic-vert) ou au contraire d'arrondir les mouvements de préparation en jouant davantage sur les hanches (homme ivre). Chaque jury a sa propre conception du kata, ce qui le rend délicat à utiliser en compétition, mais on l'y voit très souvent. Il y a encore eu un grand différent entre deux références du karaté-do: Senseï Kanazawa et Senseï Kazé. Kazé considérait que le choix d'appeler ces deux katas respectivement "Daï" et "Sho" était pertinent dans la mesure où "Daï" (grand) était plus difficile que "Sho" (petit), tandis que Kanazawa estimait qu'au contraire, dans une logique de progression, les deux auraient du avoir leurs noms inversés; car il convient d'apprendre le plus simple avant le plus compliqué. Étant donné que Kazé siégeait à la Fédération Japonaise et pas Kanazawa, c'est lui qui a eu le dernier mot. Par esprit de rébellion cependant, Kanazawa continue encore à l'heure actuelle à inverser le nom des deux katas. Neko aime à se considérer comme un grand fan de ces deux katas qu'il pratique fréquemment!

 

Gangaku

Ce kata appartient à l'école Shorei. C'est l'enchaînement de la "Grue sur le rocher" qui tient son nom d'une posture haute en équilibre sur une jambe avec un mouvement très ouvert des bras faisant penser à un oiseau qui déplierait ses ailes. A cause du nombre important d'équilibres périlleux à tenir, c'est un kata d'une grande complexité, remis à la mode par la technicienne Myriam Szkudlarek, une Française qui s'est distinguée au cours de plusieurs championnats d'Europe et du monde notamment grâce à ce kata.

 

Unsu

Unsu est issu de l'école Aragaki, la plus chinoise des écoles d'Okinawa. Unsu signifie "Main en nuage", sachant que son parent "Unshu" en chinois se traduit exactement de la même manière. C'est un kata qui présente une grosse difficulté avec un saut impliquant un tour complet sur soi-même! Ce kata était le fétiche de l’athlète et champion du monde français Mickaël Milon. C'est le kata de finale en compétition de haut niveau par excellence!

 

Les oubliés: Meikyo et Wankan.

Meikyo, de style Tomari-te, qui se traduit par "Nettoyer le miroir" ou "La Dame au miroir", ainsi que Wankan, de la même école et dont la traduction reste mystérieuse, sont tous les deux des katas exigés pour l'obtention du 5e dan. Ils sont très précis et techniques, complètement inutilisés en compétition, et demandent un travail approfondi sur soi et sur l'esprit du karaté.

 

Une démonstration de la plupart de ces katas sera proposée dans la rubrique "Vidéos"! Pensez à la consulter si vous voulez une idée plus précise de ces katas.